Seule dans un monde invisible régi par des forces cosmiques #79
7 SEPTEMBRE 2025 • PLEINE LUNE DE SANG
Je suis en retard (comme d’habitude, je sais) et vous lirez cette lettre le 8 au matin après-midi, quand la lune de sang se sera déjà éloignée. Je vous parle de l’école Steiner, de Mésopotamie, de trois livres incroyables où il est question d’Hélène, d’eaux intérieures et de solitude, avec Johanna Luyssen, Wendy Delorme et Lauren Bastide. Dès la prochaine nouvelle lune, je vous présenterai les ateliers d’écriture et vos textes sur la ménopause. En fin de lettre il y a aussi quelques rendez-vous à ne pas manquer en septembre.
Si vous arrivez ici pour la première fois :
Je suis Élise Thiébaut, journaliste et autrice, et je dirige la collection Nouvelles Lunes au Diable vauvert.
Mon dernier ouvrage porte sur la ménopause : Ceci est mon temps, ménopause, andropause et autres aventures climatiques. Il est le pendant de Ceci est mon sang, petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, paru en 2017 à La Découverte et traduit dans huit pays dont la Chine où je serai en résidence au printemps prochain.
J’ai aussi écrit la biographie de Françoise d’Eaubonne, L’Amazone verte, et des BD (sur les règles, sur la virginité avec la géniale Elléa Bird).
Le reste du temps, je mène une vie normale. #freepalestine #stoplesbophobie #changerlesrègles
Il y a la flottille qui est partie vers Gaza. Il y a le blocage du pays. Il y a la chute possible du gouvernement. Il y a un tremblement de terre en Afghanistan et deux chefs d’État despotiques qui parlent d’immortalité devant un défilé militaire. Poutine et Xi Jinping se demandent quand on est vieux, et comparent les différents moyens d’atteindre l’immortalité (on peut soit cultiver des organes, soit transférer son cerveau dans une machine, apparemment). C’est le but ultime de ces prétendus maîtres du monde qui n’ont rien compris à la vie : échapper à la mort – leur mort – tout en ordonnant celle des autres pour conserver leur pouvoir le plus longtemps possible.
Mais il y a aussi, hélas, la mort de Caroline Grandjean, la directrice d’école qui a mis fin à ses jours après des années de harcèlement lesbophobe, endeuillant cette rentrée qui semble décidément aller à rebours de tout.
Ce soir, j’écris après un week-end aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à la lumière de la lune “qui n’est pas rouge pour un sou”, affirme ma fille, contrairement à ce qu’on nous avait annoncé pour cause d’éclipse. J’ai encore du sable dans les cheveux, ma peau est chaude du dernier soleil de l’été, et je peine à garder les yeux ouverts. Je ne sais plus par quoi commencer, ni par quoi finir. Dans les incertitudes de l’intersaison, si bien racontée par Céline Dalbéra, je sens mon corps se préparer aux changements :
“L’Intersaison correspond à une courte phase d’adaptation, de recentrage, qui permet de se préparer à l’arrivée d’une nouvelle saison. Elle renvoie à une période de transformation de l’énergie, de régénération du Qi.”
Les feuilles commencent à se racornir, il y a une odeur tiède et terreuse qui monte subtilement dans l’air, les mûres s’épanouissent et ce n’est pas un pléonasme, ni une identification personnelle à la notion de maturité propre à l’intersaison. La mer se rafraîchit et si on se trempe tous les jours, on pourrait aller jusqu’à décembre, ce que je n’ai pas fait depuis 2021. La foudre est tombée sur ma maison (ou plutôt, sur le clocher attenant, qui ne fait rien à part être un clocher, ce qui est assez bizarre si vous voulez mon avis) la semaine dernière, et depuis je sens mon coeur battre plus fort. Je ne sais pas si c’est l’âge ou l’émotion – un peu des deux sûrement.
Quelque chose en moi se réveille, et une autre voudrait continuer à dormir. J’envie les ourses qui entrent en hibernation et les oiseaux migrateurs qui se réunissent en vue d’un prochain départ vers le sud, suivant comme les dauphins les bateaux de la flottille pour Gaza. Les oiseaux sont avec nous, j’en suis sûre. Mais je me demande pourquoi ils s’obstinent à pondre de petits œufs blancs sur ma terrasse, sans nid, comme si j’allais pouvoir les couver moi-même.
La maison compte déjà deux chien·nes, une chatte, trois geckos. Est-ce qu’on a vraiment besoin d’un petit merle ou d’un bébé corneille pour compléter la ménagerie ? Ma fille a en plus trouvé une couleuvre verte et jaune sur le chemin des lapins, et on a vu un requin mako rôder au large du Grau-du-Roi. Cette rentrée commence à prendre un tour très bestial !
Il y a longtemps que la rentrée scolaire ne me concerne plus – ni comme parent, ni comme élève. Je ne connais plus cette effervescence qui a toujours été paradoxale. J’ai aimé apprendre, j’ai détesté l’ambiance, et comme toute romantique qui se respecte, j’avais une allergie aux feuilles mortes qui me faisaient pleurer tout l’automne. J’étais de ces enfants qu’on harcelait, dont on se moquait, qu’on jalousait, qu’on tapait dans la cour, qu’on excluait, qu’on rackettait. Je n’ai jamais trop su pourquoi mais quelqu’un, en moi, frémit quand je croise une figure de ces années-là, ou qu’une personne s’éloigne de moi sans raison connue, me laissant méditer sur des fautes que j’aurais commises sans jamais me dire lesquelles. On ne sait jamais pourquoi les gens se détournent, pourquoi iels reprennent leur amitié, pourquoi iels vous prennent pour cible. Cela n’a pas été drôle à l’école publique, mais le pire s’est trouvé dans l’école Steiner, où mes parents m’ont scolarisée pendant une petite année justement pour me faire échapper aux violences que je subissais, au prix d’un sacrifice financier conséquent. Une enquête vidéo dans Médiapart révèle qu’il s’y est produit durant des années des violences, y compris entre élèves, et tout est remonté d’un coup. Une phrase, surtout, m’a frappée à propos de l’anthroposophie, sur laquelle est fondée la pédagogie Steiner : “Ses adeptes croient en l’existence d’un monde invisible, régi par des forces cosmiques.” Je me suis demandée si, malgré la cauchemar qu’avait été pour moi cette année chez Steiner, j’avais puisé dans cet étrange univers pédagogique les convictions qui aujourd’hui m’habitent. Je mentirais si je disais que je ne crois pas à l’invisible, aux forces cosmiques qui le régissent, et qui pour moi n’ont rien de délirant ou d’absurde. La science nous répète sans cesse que des forces cosmiques agissent sur nous, que la matière n’existe pas en dehors de nos perceptions, que ce que nous ne voyons pas existe et que des énergies vibratoires sont au coeur du vivant comme du non-vivant.
Et tandis que j’étais soumise aux cruautés incessantes des autres élèves, j’étais aussi fascinée par l’enseignement que je recevais, qui m’a marquée profondément. Je me souviens en particulier de la transmission qui nous était faite de la mythologie grecque et romaine, des cours sur les sciences naturelles dont il m’est resté énormément de choses, et des heures passées à travailler le bois, la terre, ou à pratiquer une étrange gymnastique appelée eurythmie – toutes choses que je détestais et dont je pense aujourd’hui qu’elles m’ont fait beaucoup de bien.
Je ne raconte pas ça pour défendre Steiner (d’autant que l’anthroposophie ne serait pas sans lien avec le nazisme, comme le raconte un article du Monde diplomatiqu) mais parce que cette histoire illustre la façon dont ma vie, toujours, me conduit sur des chemins surprenants, à force de coïncidences étranges, d’intuitions brumeuses, de rencontres inopinées. Hier, je parlais justement de l’école Steiner à un ami. Depuis une semaine, je vois parfois surgir sur ma page Facebook le visage d’une personne qui figurait parmi mes harceleuses à Steiner il y a maintenant un demi-siècle, et j’en ai encore froid dans le dos. Et puis voilà qu’en ouvrant Mediapart, je découvre cette enquête.
Nos ancêtres de Mésopotamie aux origines de l’écriture, pensaient que l’on écrivait pour faire advenir. Les dieux et les déesses avaient suivant leur conception “écrit” le monde, et les lettres inscrites dans le vivant produisaient un effet sur la matière. Parce que tout est vivant quand on y réfléchit. Tout est magnétique et vibratoire, même les composants de mon ordinateur et de la box qui me relie à vous. Quand la foudre frappé les murs la semaine dernière, j’ai senti son énergie me traverser et je n’aurais pas été étonnée de me réveiller dans une autre dimension. Peut-être est-ce le cas et même si tout se ressemble, je suis dans le doute, comme quand j’étais petite et que je croyais mes parents capables, par amour, de me faire croire que nous étions vivant·es, alors que notre monde avait été, pensais-je, englouti dans le néant au cours d’un de ces orages méditerranéens qui vous subjuguent. Je n’ai pas été traînée chez un pédopsychiatre. On ne m’a pas diagnostiqué de trouble en acronyme pour justifier mon étrangeté. J’en suis contente, car je crois à nos singularités, à la poésie douce de nos délires, et j’aime continuer à parler à l’oreille du monde dans le langage secret des émotions ancestrales.
On faisait aussi, en Mésopotamie, des prières à la rivière pour écarter le malheur :
De par Ea et Asalluhi [les grands patrons de l’exorcisme]
Fais prendre route à ce malheur, et que tes Berges ne le laissent point s’échapper librement
Fais-le descendre en ta profondeur
Arrache ce malheur et accorde à l’intéressé Joie et Vie !
Au fil de l’eau avec Wendy Delorme
Sur les pierres, sur les tablettes d’argile, sur les tablettes en cire, on écrivait jadis avec des stylets de bambou, avec des pinceaux faits de poils animaux, plus tard on écrivit avec des plumes d’oiseau (oie, canard, coq…), et avant que des arbres ne soient abattus pour être changés en papier, on le faisait sur des feuilles de parchemin, c’est-à-dire des peaux de veaux, voire de fœtus morts, dont on tire le mot “papier vélin”. Ou, comme me l’a appris Wendy Delorme dans son magnifique roman Le Parlement de l’eau (dans la collection Sorcières créée et animée par Isabelle Cambourakis aux éditions du même nom), la ville de Vaulx-en-Velin.
Laissez-moi vous dire quelques mots de ce livre qui m’a enchantée à la seconde même où je l’ai commencé. L’argument est le suivant : dans un monde presque futur, Esprit, une écrivaine mère de trois enfants, entreprend d’écrire un livre sur une rivière effacée près de chez elle, la Rize, et bientôt toutes les entités de l’eau se mêlent d’écrire le livre à sa place tandis que s’esquisse un projet de révolution. Ou bien est-ce le contraire ? Les eaux s’unissent pour inspirer Esprit ? Delta, Rivière, Fleuve, Marais, Lagune, Nappe phréatique, Ruisseau… toustes discutent, débattent, inventent et se croisent dans le corps de l’autrice, composé à 70 % d’eau, mais aussi dans le nôtre qui la lisons. Déjà dans Le Chant de la rivière, que j’avais adoré, l’eau était personnifiée, suivant un flux poétique qui permettait de remonter le temps, pour nous raconter les dessous d’un amour contrarié entre deux petites filles.
Jamais autant que dans ce livre je n’ai pensé à l’eau qui a servi à fabriquer le papier dont je caresse les pages. Je me demande qui était l’arbre – ou vraisemblablement les arbres – dont on a tiré ces feuilles. Qui était l’encre dont la noirceur parfaite trace les mots vibrants de Wendy Delorme, écrivaine du corps et de la création. Ses dialogues drôles et poignants avec l’eau, les eaux qu’on partage, les eaux qui s’écoulent, les eaux qui s’évaporent, qui ruissellent et nous ensorcellent, me semblent tellement familiers que je ris et souris sans cesse en lisant ce livre dont je savoure chaque goutte, comme on économise sa gourde dans une traversée du désert.
Tout, autour de moi, me semble résonner avec ce Parlement que je vois comme le miroir inversé de nos désespérants débats politiques à l’Assemblée. Je pense à cette flotte pour Gaza, mais aussi à cette descente effectuée par des adolescent·es autochtones sur le fleuve Klamath de la source californienne au Pacifique, en juin dernier, pour célébrer la fin des barrages qui tuaient la rivière. Cette citation, en particulier, de Carmen Ferris, 15 ans, issue de la tribu Hoopa recueillie par Libération, m’a profondément touchée :
«Depuis toute petite, à chaque fois que je sors de la maison, mon père me lance : “N’oublie pas de dire à la rivière de passer le bonjour à l’océan”.
Pour en savoir plus sur Le Parlement de l’eau, vous pouvez lire le magnifique entretien “détective sauvage” que Wendy Delorme a accordé à sa complice et amie, Isabelle Sorente, sur Substack.
Des fragments d’Hélène pour saboter le patriarcat
Dans chaque texte, chaque histoire, il y a, encapsulée, la vie et la mort de millions d’animaux, de végétaux, d’ancêtres, d’insectes, de poussières. C’est concret, matériel, réel, comme un long fil qui se tisse et se retisse, nourrit d’autres histoires et d’autres destinées.
J’apparais ainsi dans un livre que vient de publier Johanna Luyssen chez Julliard sur Hélène Rytmann, qu’on ne connaissait (ou plutôt qu’on méconnaissait) uniquement parce que le philosophe marxiste Louis Althusser l’avait étranglée le 16 novembre 1980 dans les locaux de l’École normale supérieure. Les Fragments d’Hélène (ce titre me fait irrésistiblement penser à la chanson de Brassens Les sabots d’Hélène) raconte cette femme complexe, d’une intelligence redoutable, à qui l’on ne cessa de reprocher son prétendu manque de “féminité”. Dans ce portrait expressionniste nourri d’archives et de rencontres, mais aussi d’un profond désir de rendre justice à celle qui fut victime d’un féminicide dans l’indifférence générale, une toile se déploie dans laquelle je suis un chaînon entre Hélène Rytmann et Johanna Luyssen d’une façon rocambolesque et troublante : parce qu’une photo datant de 1945 a été perdue dans une cabine téléphonique de Schöneberg, à Berlin, parce que je pouvais identifier les personnes (en l’occurrence des enfants) sur la photo, et pouvais même mettre Johanna sur leur piste, ce qui allait la conduire, de personne en personne, à quelqu’un qui avait connu Hélène – conformément à la théorie des six degrés de séparation suivant laquelle pas plus de six personnes nous relient à n’importe qui dans le monde.
Qu’on se le dise : je suis un caillou blanc sur le chemin du temps.
J’avais dix-huit ans quand Althusser a assassiné Hélène. En novembre 1980, j’étais à Berlin, ou peut-être à Constance. Je me souviens que mon père s’était mis en tête de faire un film à partir de L’avenir dure longtemps, ses mémoires que l’ai lus bien plus tard, et cela dit malheureusement beaucoup de lui, ce désir. Le film n’a jamais vu le jour, mon père est mort en 1997, j’ai récupéré la majeure partie de sa bibliothèque et le livre se trouve quelque part dans mon salon, mais je ne sais pas vraiment où.
Longtemps, j’ai senti la présence de mon père à mes côtés, et ma fille prétendait enfant qu’il vivait plus ou moins dans un recoin de la salle de bain. Pendant des années, j’ai rêvé que je le rencontrais dans le métro – ce qui arrivait bizarrement très souvent dans la vraie vie, où nos trajets parisiens se croisaient facilement, tandis que nos liens étaient distendus et conflictuels. Dans mon rêve, il m’expliquait qu’il n’était pas mort, mais qu’il était entré dans la clandestinité, s’offrant le luxe d’une seconde vie avec l’aide des Russes qui avaient soigné son cancer et lui avaient confié des missions d’espionnage dangereuses qu’il effectuait d’autant plus volontiers qu’il s’était déjà survécu : “je pensais mourir vite et facilement, mais c’est de plus en plus difficile”, me disait-il. J’étais très en colère contre lui, dans mes rêves comme dans la vraie vie.
Comme quoi ça ne vaut pas forcément le coup de changer de monde. Il suffit, sûrement, de changer de point de vue : dans le monde occidental, on voit dans la lune un visage, avec des yeux, un nez, une bouche, comme un vieux smiley sous échographie ; en Asie, on voit plutôt une tête de lapin.
Enfin seule avec Lauren Bastide
Changer de regard, c’est ce que fait magistralement Lauren Bastide avec un formidable essai, Enfin Seule, qui va paraître dans quelques jours chez Allary. J’ai eu la chance, ces deux dernières années, de voir naître ce livre qui remue plein de choses en moi, depuis le début.
Je dois vous faire une confession : j’aime follement la solitude. Je suis une contemplative contrariée, qui passait son temps, enfant, à parler aux trèfles et aux papillons. On me disait “réfléchie”, je n’étais ni drôle ni sympa, ce qui explique peut-être le harcèlement que j’ai subi, je ne sais pas. Grandir sur un ancien site archéologique où se dressait, jadis, un temple dédié à Artémis m’aurait lestée au-delà du raisonnable, d’autant que je suis née comme Marius et Fanny en mars (“mars, le mois des fous !” dit César dans la célèbre trilogie de Pagnol).
Mais comme de nombreuses femmes, j’entretiens un rapport compliqué avec la solitude, que l’on confond trop souvent avec le célibat. En partant de son expérience personnelle, en explorant les possibles de ce qu’elle appelle l’enfinsolitude, Lauren Bastide nous fait traverser les états indicibles de nos assignations complexes : être seule pour échapper à la surveillance constante, être seule dans un monde où la valeur d’une femme dépend de son aptitude à être épousée et fécondée, être seule en voyage, dans la forêt, dans la maison. Être seule dans l’amour, où se réinventent des liens, des tendresses, des chemins vers l’autre où le couple n’est plus le seul horizon – au contraire. Puisant dans l’histoire, la littérature, Lauren nous met sur les traces de Gabrielle Suchon, de Flora Tristan, de Marie de Gournay, de bell hooks, d’Isabelle Sorente. C’est un régal de lire sous sa plume des pensées complexes, des rapprochements audacieux sous une forme limpide et très fluide.
Enfin seule est le livre qui nous manquait pour penser nos tournants intimes, après des séparations, avant des unions forcées, dans les interstices de nos vies dictées par le patriarcat .
C’est un manuel d’émancipation qui nous tient la main dans la tourmente et nous invite à (re)devenir celle qu’on était au fond de soi quand on était encore enfant : une audacieuse, une aventurière, une rêveuse – cette personnalité qui souvent, nous dit Carol Gilligan par la voix de Lauren, s’efface à l’adolescence, entraînant une forme de dissociation correspondant à l’obligation de se conformer aux standards de féminité que nous intériorisons au point de devenir folles – nous seulement aux yeux de la société, mais aux yeux de notre âme (on peut dire maintenant que les femmes en ont une), qui ne comprend pas pourquoi nous ne l’écoutons jamais.
Au fil du livre, des récits personnels souvent très émouvants, Lauren évoque des pistes fertiles, avec tendresse et drôlerie, pour nous aider à sortir des schémas éculés où nous marinons souvent malgré nous. Ce n’est pas toujours facile. C’est souvent décevant, énervant, exaspérant. Mais on peut y arriver. Et là tout s’éclaire : c’est d’ailleurs en la lisant que m’est venue cette phrase sortie de nulle part : “ce qui est bien, ce n’est pas d’être (et encore moins de tomber) amoureuse, mais d’être heureuse en amour”.
Par ailleurs, puisque vous tenez tellement à la savoir, oui, je pense qu’il y a un monde invisible régi par des forces cosmiques où les animaux ne nous sont pas soumis et où mon père est un espion russe.
Et je vous défie de me prouver le contraire !
Rendez-vous lunaires
• Le 17 septembre sortira le livre de David Dufresne, Remember Fessenheim (Grasset) : le petit-fils de Françoise d’Eaubonne explore la face cachée de cette impossible grand-mère, autrice à ses heures d’attentats contre l’industrie nucléaire…
• Le 19 septembre, à Nantes on pourra assister à une conférence performée de Marion Lenavet et Delphine Sangu Françoise d’Eaubonne, Amazone écoféministe. Cette pièce reprend plusieurs extraits de mon livre, l’Amazone verte, le roman de Françoise d’Eaubonne et sera présentée à 20H, à la Maison Des femmes – Simone de Beauvoir. Je n’y serai pas mais je compte sur Vincent d’Eaubonne pour me raconter ! (N’hésitez pas à vous tenir au courant des actualités concernant Françoise d’Eaubonne sur son excellent site : francoise-d-eaubonne.org)
• Le 24 septembre, je serai à la Cité audacieuse pour le festival Ecoféministe “Celles qui sèment”, en très bonne compagnie.
• Les 25, 26 et 27 septembre, Fatima Ouassak jouera son magnifique Comme Ali au théâtre des 3 bornes pour trois représentations exceptionnelles. N’hésitez pas à réserver ! J’y serai les 25 et 26.
Voilà, c’est fini pour cette lettre aussi tardive dans sa floraison que moi. Rendez-vous à la prochaine lune !







Merci Elise, c’est toujours une joie de lire vos lettres j’y apprends chaque fois des choses et je souris souvent
Merci Elise pour ces lectures de coeur. Intimes, spirituelles (dans tous les sens du terme) et parfois franchement drôles... A la prochaine